04/11/2011

Benoîte Groult - Les trois quarts du temps.

Comment j'ai rencontré Benoîte Groult? Non, cher lecteur, je ne parle pas de rencontrer le boucher au coin de la rue mais plutôt de comment j'ai reconnu son enseigne. Ouais, pas très parlant comme exemple. C'est dans un documentaire sur le nazisme que je l'ai vue apparaître pour la première fois. Je n'ai toujours pas très bien compris ce qu'elle faisait dans un tel documentaire (mis à part le fait qu'elle ai vécu la guerre) mais j'ai trouvé que son mini discours avait un petit quelque chose d'attirant. En tout cas, j'ai levé le nez de mon bouquin pendant qu'elle parlait, grand signe d’intérêt de ma part. Et puis sa seconde apparition se fit sous forme d'un gros livre, dans les rayons de ma librairie Oxfam adorée. Et me voilà partie pour 542 pages, le genre de livre que j'aurais aimé traduire (et ce, de par mon métier, non par passion. Mais c'est du passé!) : les trois quarts du temps. Probablement pas son œuvre la plus connue mais tout à fait respectable.

"Romanesque traversée d'un destin semé d'impasses et d'illusions, mais aussi de passion et bonheurs: à travers les trois générations qu'elle évoque, de 1913 à nos jours, c'est tout le destin de la femme au xxe siècle que Benoîte Groult nous dévoile de façon magistrale." Ainsi est décrit le seul semblant de résumé sur le livre.

Mes extraits préférés (malheureusement je n'ai pas le temps de tous les recopier):

"Ses yeux s'écarquillèrent: ce corps d'homme déjà suffisamment inquiétant était affligé d'un appendice absolument extravaguant. Jeanne n'avait surement jamais vu ça! Le zigouigoui, comme son nom l'indiquait, le seul qu'elle connût d'ailleurs, ne pouvait être qu'une mignonne pendeloque et non ce machin oblong, rougeâtre et tuméfié, qui tenait debout tout seul et ne semblait pas faire partie du corps d'Adrien. Tous les hommes n'avaient pas ça, ça se saurait. Et puis comment le caseraient-ils dans un pantalon? Non, son mari avait une anomalie, comme Cyrano. Ou un abcès. Voilà. Ça ne pouvait être qu'un abcès le pauvre. Le jour de son mariage!"

"C'est ce qu'il y a de plus terrible dans la vie de famille: ne jamais pouvoir effacer son ardoise. On traine son enfance comme un boulet et les parents vous ligotent en vous rappelant sans cesse vos antécédents. La merveille avec toi, c'est que tu ne sais pas quelle petite fille j'ai été."


Je ne peux pas dire que je suis complètement dingue de ce livre, il est très long, parfois trop. Certains passages sont tirés en longueur par des descriptions bien souvent inutiles mais il a l'avantage de nous donner une bonne idée des personnages, on entre dans leur vie, leur intimité et on devine au fil des pages quels sont leur traits de caractère. Par contre, ce que j'ai vraiment adoré c'est la lente évolution d'une femme qui, visiblement, était née pour servir de soubrette et de racle merde aux hommes mais qui fini par prendre une certaine indépendance et "se venge de la vie". Par moment, j'avais vraiment envie de crier sur le livre "mais bon dieu, te laisse pas faire comme ça!". Et puis je me suis rendue compte que "quand on aime, on est toutes pareilles". Je ne sais pas si ces 542 pages ont changé ma façon d'être mais elles m'ont fait du bien.

Aucun commentaire: